Retour du Pays [Klaus]

Ça faisait deux bonnes semaines que notre Allemand musicien était parti pour voir ses parents et sa famille dans son pays natal. Il faisait toujours ça au moins 2 fois par années. Ça fait toujours du bien de retourner à ses racines parfois et ses parents étaient toujours très content de le revoir. Il avait fait un vol paisible, s’était endormi au bout de 20 minutes et ne se réveilla que pour se dégourdir les jambes et la vessie. C’était un grand paresseux en avion, surtout qu’il voyageait seul! Aucun voisin ne s’était plaint qu’il ronflait en plus, donc raison de plus pour dormir comme un gros bébé.

Hans entendit alors le message pour dire d’attacher sa ceinture et pour aborder l’atterrissage. Il bailla longuement en regardant par la petite fenêtre –Oui, il avait besoin de la fenêtre même s’il dormait. Il eut une pensée pour le vieil allemand qu’il voyait au moins une fois par semaine depuis… près d’un an maintenant il lui semblait. Le temps passait vite quand même. Il eut un sourire, il lui avait bien dit qu’il pouvait lui envoyer des courriels. À ce qu’il avait compris, probablement qu’une personne dans son entourage pouvait l’aider. Il l’avait bien informé qu’il revenait aujourd’hui, sans rien lui demander pour être honnête. Il ne s’attendait pas à voir quelqu’un quand il descendrait de l’avion même s’il mentirait s’il dirait ne pas avoir hâte de revoir Klaus. Bref.

Une fois l’avion au sol, il se permit une bonne bouffée d’air, il rentrait chez lui. Enfin, chez lui, dans ses affaires bien qu’une partie de lui restait en Allemagne. C’était peut-être pour ça qu’il sentait se lien entre lui et Klaus. Tous deux Allemands. Rencontré par hasard. Un nouveau sourire vint sur les lèvres de notre musicien. Puis, avec toute la lenteur des aéroports, il descendit lentement. Attendit ses bagages lentement. Et passa les douanes lentement. Avec tout ça, il devait être proche de midi et sa montre le confirma quand il la regarda. Il retint un soupir de joie en arrivant finalement du bon côté de l’aéroport. Il ne regarda pas autour de lui, il se devait d’aller prendre un taxi. Sauf que là, il pouvait appeler Klaus. Ce qu’il fit de suite. Il attrapa son portable et composa le numéro de l’Allemand et attendit.

Il s’en passe des choses en un an. D’un autre côté, un an passe comme un éclair. Rajouter à cela un vieil animaliste qui a vu beaucoup trop d’années défiler devant ses yeux et vous avez vraiment l’impression qu’en un claquement de doigts, un an a passé. C’était le cas de Klaus en tout cas. Lors de la dernière année, il avait continué à travailler comme d’habitude, le moins possible mais assez pour avoir un salaire pour subvenir à ses besoins. En même temps, avec sa fille à l’appartement, il payait moins de loyer, donc un petit surplus d’argent. Et qu’est-ce qu’on fait quand on a de l’argent? Et bien on sort dans les bars ou dans les cafés. Du moins, c’est ce que le vieil homme aimait bien faire. Il rencontrait régulièrement Hans pour prendre un café et discuter de tout et de rien. Quelle était la nature de leur relation, aucun des deux ne le savait vraiment en fait. Pour Klaus, c’était trop difficile y réfléchir. À la place, il pourrait demander à Soka ce qu’elle voyait dans le futur. Ainsi, ce n’était pas lui, du moins pas directement, qui aurait à prendre une décision. Prendre une décision demandait trop d’effort de toute façon.

Mais pour en revenir au présent et non au passé ou au futur possible, Klaus n’avait pas vu l’autre allemand pendant quelques temps étant donné que ce dernier était retourné en Allemagne. C’était bien une chose que Klaus redoutait un peu ça, retourner en Allemagne, trop de souvenirs y étaient rattachés, et pas nécessairement des bons souvenirs. Donc il restait aux États-Unis, et cela ne le dérangeait pas vraiment. Il savait que Hans allait revenir bientôt, il avait même hâte de le revoir. Étant donné sa mémoire paresseuse, il avait demandé à Soka où il pouvait aller chercher Hans à l’aéroport. Disons que ça ne lui tentait pas de courir partout dans l’immense aéroport pour trouver Hans. Il se trouvait donc à la sortie du terminal quand il reçut l’appel de Hans il répondit avec un sourire et en allemand :

- Bon retour au pays!

Hans était vraiment une personne… qui prenait un peu tout à la légère. Il ne pressait pas les choses, laissaient les évènements se produirent. Mouais… c’est peut-être pour ça que lui et Klaus s’entendaient si bien. Aucun des deux ne se stressait pour des bêtises. Et ce qui rendait leur relation étrange aussi. Mais Hans ne pouvait pas tricher de son côté. Bref. Notre musicien se dirigeait lentement vers l’endroit pour prendre un taxi quand son ami répondit. Il sourit de suite à l’entendre et répondit dans la même langue.

«Merci! Je t’avais dit que je te téléphonerais en…»

Et il se stoppa, il chercha la porte pour sortir, question de prendre un taxi, mais son regard tomba sur l’Allemand. Il se figea de surprise en ricanant. Il fronça les sourcils d’incompréhension. Il faisait quoi là celui-là? Mais il n’eut pas le temps de se poser trop de questions, il était déjà en train de faire une partie du chemin qui les séparait.

«Alors ça, je m’y attendais pas ! Klaus, c’est gentil d’être là!»

Dit-il avec tout le bonheur qu’un homme aussi calme pouvait avoir. Une fois devant le vieil allemand, il lui fit la bise avec affection. Il était content vraiment qu’il soit là. Il recula ensuite pour le regarder, un beau sourire sur les lèvres. Il savait qu’il rentrait aujourd’hui? Il avait triché? Et même s’il avait triché, ça voulait quand même dire qu’il avait pensé venir le chercher ici, ce qui était déjà assez aimable de sa part quand même.

«Je suis vraiment content de te voir, je… enfin, merci.»

Dit-il en ricanant légèrement. C’était drôle, normalement, il se serait attendu à parler en anglais en rentrant, mais avec Klaus, l’allemand, c’était bien mieux quand même. Ça donnait l’impression de garder un peu de racine à chaque rencontre, mais ce n’était pas la première fois qu’il se faisait cette réflexion, c’était surtout qu’il y repensait après deux semaines d’absence. Deux semaines, c’était vraiment rien, mais quand une habitude s’installe… il le voyait plus souvent aussi l’Allemand, c’était normal qu’il lui manque un peu.

Vraiment Klaus allait devoir remercier Soka. Il avait beau lui offrir un refuge quand elle en avait besoin, il me semble qu’elle lui était vraiment très utile! Était-ce seulement parce qu’elle voulait aider ou bien c’était une sorte d’échange entre le vieil allemand et la jeune fille? Peu importe. Klaus lui serait éternellement reconnaissait. Elle lui sauvait aussi la mise à plusieurs reprises, lui donnant des conseils ou bien elle faisait en sorte qu’il ne crame pas les repas qu’il préparait. En ce moment il se trouve exactement au bon endroit pour que Hans le voie. Merci Soka! Alors que Hans lui disait qu’il lui allait le téléphoner en arrivant, sa voix s’interrompit un moment. Klaus ferma son cellulaire et fit un petit sourire à Hans. Il l’avait vu, plus besoin d’utiliser le téléphone maintenant, on est bien d’accord? Cela aurait été stupide qu’ils continuent à se parler par téléphone s’ils se trouvaient l’un à côté de l’autre. Bref!

- Je me doutais bien que tu passerais par les taxis en revenant, donc je me suis posté ici.

Bon, ce n’était pas totalement vrai, mais Klaus avait promis à Soka de ne rien dire sur elle. Il faut dire qu’avec la plus de la moitié du monde qui cherche à mettre la main sur la jeune femme, il fallait être prudent. Ce n’est pas que Klaus ne faisait pas confiance à Hans, c’était simplement une histoire de promesse envers Soka. Un jour peut-être il pourrait en parler avec Hans, mais pour cela, il fallait que la jeune femme lui donne sa «bénédiction». Le vieil homme devrait donc lui en parler.

- Content aussi de te revoir. Ça s’est bien passé là-bas?

Là-bas en Allemagne, c’est ce qu’il voulait dire, cela va de soi. Pas là-bas en Australie! Allons-y avec la logique aussi! Klaus n’y était encore jamais retourné. Pourtant il ressentait une certaine nostalgie parfois. C’était son «heimat», sa maison, son pays. Les souvenirs qui y étaient rattachés par contre étaient beaucoup moins plaisants, voilà pourquoi il hésitait à y retourner. Peut-être qu’il y avait de la famille aussi? Les petits enfants de ses cousins peut-être… Bref, peu de chance d’avoir de la famille en fin de compte.

C’était étrange comme il se sentait bien aux États-Unis, mais qu’à chaque fois qu’il revenait à son pays natal, ça lui faisait un petit baume sur le cœur. Pourtant, il revenait toujours en terre anglophone. Il y avait sa vie également. Peut-être justement parce qu’il se sentait un peu plus comme un étranger ici. C’était un musicien calme, pas un artiste torturé comme d’autres. Peut-être irait-il finir ses vieux jours en Allemagne… enfin, ce n’était pas le temps de penser à cela, il était encore tout jeune et vigoureux!

Bref, Klaus lui expliqua qu’il se doutait qu’il prendrait un taxi. Bien deviné, l’Allemand n’avait pas de voiture, dans une ville pareille ça ne servait à rien à son avis. C’était une raison qui lui semblait plausible et il en sourit doucement. Ensuite, il lui demanda comment ça s’était passé. Il sourit de plus belle et se lança.

«Bien, très bien! Ça fait surtout du bien. J’y vais annuellement, mais à chaque fois, on dirait que j’en ressens le besoin.»

Il se tut, il savait que l’Allemand n’y était pas retourné, s’il ne savait pas l’ampleur du pourquoi, il savait que ce n’était pas anodin et surtout, qu’il n’avait pas renié son pays. En se dirigeant vers les taxis, il se tourna vers lui avec un sourire aimable.

«Il faudrait bien que tu viennes avec moi un jour. En plus, on aurait l’hébergement gratuit, mes parents sont très accueillants et leur maison est grande.»

Il se demandait bien ce que ça pouvait faire d’être avec le vieil allemand avec lui là-bas. Ça serait peut-être différent comme rencontre, enfin. Peut-être trouvait-il cette invitation un peu étrange, surtout qu’il revenait, mais là, il avait eu envie de lui dire. Curieux, mais Hans n’était pas du genre à se poser des questions, il suivait son instinct comme l’artiste qu’il était. Il lui donna une tape amicale sur son épaule. Il aurait pu lui dire qu’en étant avec lui, ça serait moins difficile, mais ça serait peut-être un peu étrange aussi. Il décida plutôt de changer de sujet.

«Alors, On va prendre un café? Une bière? Dès que je me débarrasse de ma valise, je suis libre.»

Pour un type qui pouvait être un peu fatigué de son voyage, il ne le montrait pas du tout en tout cas!

Klaus ne ressentait pas vraiment le besoin de retourner en Allemagne. En fait, il éprouvait de la curiosité plus qu’autre chose. Il n’y avait pas remis les pieds depuis tant d’années que désormais, il se demandait à quoi y ressemblait la vie. Évidemment, ce n’était pas la même chose que lorsqu’il y avait vécu, mais qu’est-ce qui s’y passait? À quoi ressemblaient les gens? De quoi parlait-on dans les cafés? Bref, tout ce qui faisait le commun d’une vie en Allemagne, qu’est-ce qui avait changé? Qu’est-ce qui était pareil? Il était curieux de savoir, mais l’envie de retourner dans son pays natal n’était pas si fort que cela. Après tout, désormais, il lui suffisait d’interroger Hans pour qu’il lui fournisse des réponses. Même pas besoin de se rendre là-bas. C’était bien mieux! Bon ça dépendait des points de vue, mais bref!

- Venir avec toi, mais… il y a des allemands en Allemagne! Et… bah je sais pas, je devrais y penser!

Oui, Klaus était loin d’être à l’aise avec l’idée de retourner dans son pays natal. Il serait prêt à trouver tellement d’excuse pour ne pas y retourner. Mais si Hans travaillait bien le terrain et qu’il préparait le vieil allemand, peut-être qu’il réussirait à le convaincre, mais ça restait à voir. Ce ne serait pas une chose facile pour Klaus de remettre les pieds en Allemagne. Mais passons. Hans proposa par la suite d’aller prendre un café ou une bière, une fois débarrassé de sa valise. Logique, une valise c’est encombrant.

- Je suis partant pour une bière, et puis, ça ne te dépaysera pas trop! Si c’est toujours comme avant, la bière coûte moins cher que l’eau! Mais elle n’a surement pas aussi bon goût ici. Je connais un petit pub d’inspiration allemande, ça te dit?

Klaus était beaucoup plus à l’aise lorsqu’on parlait de bière que lorsqu’on parlait de retour possible en Allemagne de toute évidence!

Hans avait encore un attachement familial en Allemagne également. Peut-être quand ses parents ne seront plus là… enfin, il vivait au jour le jour, pour le moment, il aimait y aller et ça lui faisait du bien. Le proposer à Klaus lui semblait naturel, mais en même temps, le vieil allemand y verrait peut-être un pays tout autre…ce qui pouvait être soit positif ou négatif. Positif, plus autant de mauvais souvenirs. Négatif, encore moins de souvenirs. Enfin, il ne voulait pas tellement insiste. À ses mots, il ricana et lança.

«De toute façon, je ne pense pas y retourner avant plusieurs mois!»

Voilà, la question était maintenant réglée. Hans n’était pas du tout du genre à continuer sur un sujet quand la personne est mal à l’aise hein! Il préférait profiter du temps avec l’Allemand, pas lui faire regretter d’être venu le chercher. Et pas question qu’il vienne le porter chez lui et hop. Non non, il voulait parler, discuter avec lui! Franchement, qui ne s’ennuierait pas de Klaus de toute façon hein? Bref. Sans surprise, il proposa une bière. Ah ouais, la bière c’est bien! Il hocha d’un mouvement de la tête.

«Oui certainement! Et oui, ça n’a pas trop changer en effet. Je pense que c’est la première chose qui m’a déplu ici. La bière. Mais on s’habitue. J’en ai apporté, enfin, autant que je pouvais en apporter!»

Ils arrivèrent finalement à l’extérieur et ils purent rapidement monter dans un taxi. Il dit son adresse une fois la valise et eux-mêmes près. Il se tourna ensuite vers Klaus.

«Et toi, de ton côté, quoi de nouveau?»

Bon, ça faisait deux semaines, pas 3 mois quand même, mais bon! C’est surprenant comment il peut se passer beaucoup de choses en deux semaines!

Si Hans ne comptait pas retourner en Allemagne avant quelques mois, cela signifiait que Klaus allait pouvoir l’avoir pour lui tout seul (ou presque, il faudrait bien partager avec ses étudiants!) pendant quelques temps. Cela était loin de déplaire au vieil allemand même s’il ne formulait pas l’idée à voix haute, ça ne voulait pas dire le contraire. Et puis, là n’était plus vraiment le sujet et ça arrangeait parfaitement Klaus. Comme dit auparavant, parler de bière le mettait vraiment plus à l’aise que de parler de possible retour dans son pays natal. Il était toujours incertain par rapport à l’Allemagne. Hans était d’ailleurs bien d’accord avec le vieil homme en ce qui concernait la bière américaine : ça ne valait pas grand-chose! Il était certain que lorsqu’on n’avait pas le choix, il fallait s’y habituer, mais rien ne valait de la bonne vieille bière allemande! Bien entendu, il y en avait de tous les types, mais même les moins bonnes étaient meilleures que les bières américaines! C’était l’un des désavantages à vivre dans ce pays, mais dans la vie, il fallait choisir et Klaus avait choisi il y a déjà des dizaines d’années de cela. Chacun son choix bon! Ils embarquèrent finalement dans un taxi après avoir mis la valise de Hans à l’arrière et Hans donna son adresse au chauffeur. Et voilà, ils étaient partis! Le jeune homme lui demanda ce qu’il y avait de nouveau dans sa vie. Bon, quoi dire? Il n’y avait pas grand-chose d’intéressant à dire en fin de compte. En deux semaines, il ne se passait pas beaucoup de choses intéressantes dans la vie d’un vieux paresseux comme Klaus. C’était le quotidien quoi!

- Toujours les mêmes trucs en fait, je travaille, Leo est de moins en moins présente aussi. Je n’aurais pas cru quand je l’ai connu qu’elle deviendrait vraiment émissaire ou ambassadeur, un truc dans le genre quoi!

Ce n’était sans doute pas de Klaus qu’elle avait tenu le sens du travail. Il était assez neutre dans la vie notre Klaus, dans pratiquement tous les domaines, dont la politique. Ça ne l’intéressait pas. Étrange que sa fille soit désormais si impliquée!

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